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histoire de kamar et de l’experte halima
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est de ces signes, ce sont de simples piqûres de moustiques, ma mère, et rien de plus ! » Et la femme du barbier, à ces paroles, rit encore plus fort et dit : « Vraiment, des piqûres de moustiques ? Et ta visite dans la maison de celle que tu aimes n’a pas eu d’autres résultats ? » Il répondit : « Non, par Allah ! si ce n’est ces quatre osselets, avec lesquels jouent les enfants, et que j’ai trouvés dans ma poche, sans savoir de quelle façon ils y sont entrés ! » Elle dit : « Montre-les moi ! » Et elle les prit, les considéra un moment, et continua, disant : « Tu es bien simple, mon fils, de n’avoir pas deviné que tu portes encore sur ta figure la trace, non de piqûres de moustiques, mais des baisers passionnés de celle que tu aimes. Quant à ces osselets, qu’elle-même t’a mis dans la poche, ils sont un reproche qu’elle t’adresse d’avoir passé ton temps à dormir, tandis que tu pouvais mieux l’employer avec elle. Elle a voulu te dire par là : « Tu es un enfant qui passe son temps à dormir. Voici des osselets comme il convient à des enfants qui ne savent point s’amuser à d’autre jeu. » Or, c’est bien là l’explication des ces osselets, mon fils. Et c’est parler assez clairement, pour une première fois. Et tu n’as d’ailleurs qu’à en faire l’épreuve ce soir même. Tu profiteras en effet de l’invitation du joaillier, qui, je n’en doute pas, t’engagera encore une fois à souper, et tu n’oublieras pas, j’espère, de te comporter de manière à te satisfaire, à la satisfaire, et à rendre heureuse ta mère qui t’aime, mon enfant ! Et songe, ô prunelle de l’œil, lors de ton retour chez moi, à la misérable condition de mon époux le barbier, ce très pauvre ! » Et Kamar