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les mille nuits et une nuit

outre, le bassin et l’eau pour les ablutions ! » Et le vieux, encore étourdi, s’écria : « Par Allah ! comme on dort lourdement dans cette pièce ! Chaque fois que je couche ici, je ne me réveille qu’au grand jour ! » Et Kamar ne sut que répondre. Mais, s’étant levé pour faire ses ablutions, il sentit qu’il avait les lèvres et le visage, sans compter ce qui ne se voyait pas, brûlants comme du feu. Et il s’en étonna à l’extrême, et il dit au joaillier : « Je ne sais pas, mais je sens que mes lèvres et mon visage sont brûlants comme du feu, et me cuisent comme des charbons ardents. Qu’est-ce donc que cela ? » Et le vieux répondit : « Oh ! ce n’est rien du tout. De simples piqûres de moustiques ! Car nous avons commis l’imprudence de dormir sans moustiquaire ! » Et Kamar dit : « Oui, mais comment se fait-il que je ne voie point trace de piqûres de moustiques sur ton visage, alors que tu as dormi à côté de moi ! » Il répondit : « Par Allah, c’est vrai ! Seulement il faut que tu saches, ô beau visage, que les moustiques aiment les jeunes joues vierges de poil, et détestent les visages barbus. Et tu vois bien quel sang délicat circule sous ton beau visage, et quelle longueur de barbe descend de mes deux joues. Cela dit, ils firent leurs ablutions, s’acquittèrent de la prière et déjeunèrent ensemble. Après quoi, Kamar prit congé de son hôte, et sortit pour aller trouver la femme du barbier.

Or, il la trouva qui l’attendait. Et elle l’accueillit en riant, et lui dit : « Allons, ô fils, raconte-moi l’aventure de cette nuit, bien que je la voie écrite par mille signes sur ton visage ! » Il dit : « Pour ce qui