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histoire du jeune nour avec la franque…
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Mais, de son côté, la princesse le vit arriver sur elle, et rugit comme une lionne mère de lionceaux ; et grondant, mugissant et rapide comme l’oiseau de proie, elle lança son coursier Lahik au-devant de son adversaire. Et tous deux s’entrechoquèrent comme doux montagnes mouvantes, et se tinrent tête avec fureur, en hurlant avec la puissance des démons. Puis ils se séparèrent et firent maintes évolutions, et revinrent avec rage pour un nouvel assaut, en parant les coups mutuels avec une adresse et une rapidité merveilleuses, qui frappaient les yeux de stupéfaction. Et la poussière soulevée sous les sabots les dérobait parfois aux regards ; et l’accablante chaleur était si forte que les pierres flambaient comme des buissons. Et la lutte dura une heure, avec un égal héroïsme de part et d’autre.

Mais, essoufflé le premier, le patrice Barbout voulut en finir ; et il porta sa masse d’armes de la main droite à la main gauche, saisit une de ses quatre javelines et la lança contre la princesse, en l’accompagnant d’un cri semblable au fracas du tonnerre. Et l’arme sortit de sa main comme l’éclair qui aveugle le regard. Mais la princesse la vit venir, attendit qu’elle fût proche, et la détourna prestement du revers de son sabre : et la javeline, en sifflant, alla s’enfoncer au loin dans le sable. Et toute l’armée vit cela et fut saisie d’étonnement.

Alors Barbout prit une seconde javeline, et la lança avec fureur en criant : « Qu’elle frappe et tue ! » Mais la princesse évita le trait et le rendit vain. Et la troisième et la quatrième javelines eurent le même sort. Aussitôt Barbout, bouillant de fureur