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les mille nuits et une nuit

chefs de ses troupes, qui s’appelait Barbout. Or, c’était un habile guerrier, vif comme le feu ; il était le plus fort soutien du trône du roi franc, et le premier des grands de son royaume et de sa cour, par sa force et sa vaillance ; et la chevalerie était son essence. Et le patrice Barbout, à l’appel de son roi, s’avança, bouillant d’ardeur, monté sur un cheval de noble race, aux jarrets robustes ; et il était protégé par une cotte d’or surchargée d’ornements, aux mailles étroites comme des ailes de sauterelles. Et ses armes étaient un sabre affilé et destructeur, une lance énorme semblable au mât d’un vaisseau et dont un seul coup eût renversé une montagne, quatre javelines aiguës, et une massue épouvantable hérissée de clous. Et ainsi bardé de fer et d’armes offensives et défensives, il était semblable à une tour.

Or, le roi lui dit : « Ô Barbout, tu vois le carnage fait par cette fille dénaturée ! À toi de la vaincre et de me l’amener vivante ou morte ! » Puis il le fit bénir par les patriarches, couverts de vêtements bariolés et élevant des croix au-dessus de leurs têtes, qui lurent sur sa tête l’Évangile, en implorant en sa faveur les idoles de leur erreur et de leur impiété. Mais nous, musulmans, nous invoquons Allah l’Unique, qui est plein de force et de majesté !

Aussitôt que le patrice Barbout eut fini d’embrasser l’étendard de la croix, il s’élança dans l’arène en barrissant comme un éléphant en fureur, et vomissant, en sa langue, d’horribles injures contre la religion des Croyants. Qu’il soit maudit !