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histoire du jeune nour avec la franque…
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« Qu’il est doux de combattre au jour de la bataille ! Viens à moi, si tu l’oses, vile cohue ! Venez, chrétiens, affronter mes coups qui écrasent !

Je plongerai dans la poussière vos têtes coupées, et j’atteindrai le cœur de votre puissance. Et les corbeaux croasseront sur vos demeures et annonceront votre destruction !

Vous boirez au tranchant de mon sabre des gorgées amères comme le suc de la coloquinte. Et je servirai à votre roi la coupe des calamités, pour le dégoûter à jamais de l’eau limpide !

Ho ! venez au-devant de moi, s’il est un brave parmi vous ! Venez alléger mon chagrin et guérir, dans votre sang, ma douleur !

Avancez-vous, si votre âme n’est point pétrie de lâcheté, pour voir comment vous accueillera la pointe de mon glaive, sous l’ombre de la poussière ! »

Ainsi chanta l’héroïque princesse. Et elle se pencha sur son cheval, le baisa sur le cou, le flatta de la main et lui dit à l’oreille : « C’est aujourd’hui, ô Lahik, le jour de ta race et de ta noblesse ! » Et le fils des Arabes frissonna et hennit, et bondit plus rapide que le vent du nord, en lançant le feu de ses naseaux. Et la princesse Mariam, poussant un rugissement effroyable, fit une charge sur l’aile gauche des Francs, et, au galop de son coursier, faucha de son sabre dix-neuf têtes de cavaliers. Puis elle revint au milieu de l’arène, et défia les Francs à grands cris.

À cette vue, le roi appela l’un des trois patrices,