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les mille nuits et une nuit

MAIS LORSQUE FUT
LA SEPT CENT NEUVIÈME NUIT

Elle dit :

… Lorsque la princesse eut improvisé ces vers, elle s’élança au-devant de l’armée de son père. Et le roi la vit arriver, en roulant dans ses orbites des yeux comme du vif argent. Et il s’écria : « Par la foi du Messie ! elle est assez insensée pour nous attaquer ! » Et il arrêta la marche de ses troupes, et s’avança seul vers sa fille, en lui criant : « Ô fille de perversité ! voici que tu oses m’affronter et faire mine d’attaquer l’armée des Francs ! Ô insensée, as-tu donc renoncé à toute pudeur et renié la religion de tes pères ? Et ignores-tu que, si tu ne te livres pas à ma clémence, une mort certaine t’attend ? » Elle répondit : « Ce qui est passé l’est irrévocablement, et c’est le mystère de la loi musulmane ! Je crois à Allah l’Unique et à Son envoyé Môhammad le Béni, fils d’Abdallah ! Et je ne renoncerai jamais à ma croyance et à la fidélité de mon affection pour le jouvenceau d’Égypte, dussé-je avaler la coupe de ma ruine ! » Elle dit, et fit caracoler son cheval écumant sur le front de l’armée des Francs, et chanta ces strophes guerrières, en trouant l’air de son sabre étincelant :