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les mille nuits et une nuit

c’était une armée entière qui était à leur poursuite !

En effet, le matin de ce jour, le roi des Francs s’était levé de très bonne heure pour aller prendre lui-même des nouvelles de la princesse, sa fille, et se tranquilliser à son sujet. Car il était loin d’être sans inquiétude sur l’issue de son mariage avec un vieux dont la moelle devait être sans doute depuis longtemps fondue. Mais sa surprise fut à ses limites extrêmes en ne trouvant pas sa fille et en voyant le vizir étendu par terre, privé de sentiment, sa tête entre ses pieds. Et, comme il voulait avant tout savoir ce qu’était devenue la princesse, il fit couler du vinaigre dans le nez du vizir, qui reprit aussitôt l’usage de ses sens. Et le roi, d’une voix terrifiante, lui cria : « Ô maudit, où est ma fille Mariam, ton épouse ? » Il répondit : « Ô roi, je ne sais pas ! » Alors le roi, plein de fureur, tira son sabre et, d’un seul coup, fendit la tête en deux à son vizir : et l’arme sortit, en brillant, par les mâchoires. Qu’Allah loge à jamais son âme mécréante dans le dernier étage de la Géhenne !

Au même moment, les palefreniers vinrent, en tremblant, annoncer au roi la disparition du nouveau vétérinaire et des deux chevaux Sabik et Lahik. Et le roi ne douta plus de la fuite de sa fille avec le chef des écuries, et aussitôt il fit appeler trois de ses premiers patrices et leur ordonna de se mettre chacun à la tête de trois mille hommes, et de l’accompagner pour aller à la recherche de sa fille. Et il annexa à cette armée les patriarches et les grands de sa cour, s’avança lui-même à la tête des troupes, et