Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 11, trad Mardrus, 1902.djvu/91

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du jeune nour avec la franque…
79

réflexion, sauta à son tour sur le second cheval et le lança au grand galop pour rattraper sa bien-aimée qui était déjà au loin. Et ils coururent de la sorte toute la nuit, jusqu’à l’aurore.

Lorsque la princesse eut jugé qu’elle avait mis une grande distance entre eux deux et ceux qui auraient pu les poursuivre, elle consentit à s’arrêter Un moment pour se reposer et faire prendre haleine aux deux nobles bêtes. Et comme l’endroit où ils étaient arrivés était délicieux avec des prés verts, de l’ombrage, des arbres fruitiers, des fleurs et de l’eau courante, et que la fraîcheur de l’heure les invitait au plaisir tranquille, ils furent charmés de pouvoir enfin s’asseoir l’un à côté de l’autre, dans la paix de ces lieux, et de se raconter mutuellement ce qu’ils avaient souffert pendant leur séparation. Et, après avoir bu à même l’eau du ruisseau et s’être rafraîchis des fruits cueillis à même les arbres, ils firent leurs ablutions et s’étendirent dans les bras l’un de l’autre, frais, dispos et amoureux. Et, en une séance, ils réparèrent tout le temps perdu dans l’abstinence. Puis, gagnés par la douceur de l’air et le silence, ils se laissèrent aller au sommeil, sous les caresses de la brise du matin.

Or, ils restèrent ainsi endormis jusque vers le milieu du jour, et ne se réveillèrent qu’en entendant la terre résonner comme heurtée par des milliers de sabots. Et ils ouvrirent les yeux, et virent l’œil du soleil obscurci par un tourbillon de poussière, et, du milieu de cette densité, jaillir des éclairs comme d’un ciel orageux. Et ils distinguèrent bientôt le bruit des chevaux et le cliquetis des armes. Or,