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les mille nuits et une nuit

tôt sa voix et fut émue à la limite de l’émotion. Mais, comme elle était sage et avisée, elle sut se dominer, pour ne point se trahir devant les suivantes qui l’entouraient, et commença par les congédier. Puis elle prit un papier et un calam et écrivit ce qui suit :

« Au nom d’Allah le Clément, le Miséricordieux ! Et ensuite ! Que la paix d’Allah soit sur toi, ô Nour, ainsi que Sa miséricorde et Sa bénédiction !

« Je veux te dire que ton esclave Mariam te salue et brûle du désir de se trouver réunie à toi ! Écoute donc ce qu’elle te dit ici, et fais ce qu’elle t’ordonne.

« À la première veille de la nuit, c’est l’heure propice aux amants, prends les deux coursiers Sabik et Lahik, et conduis-les hors de la ville, derrière la porte Sultanié, où tu m’attendras. Et si l’on te demande où tu conduis les chevaux, réponds que tu les mènes faire un tour de promenade ! »

Puis elle plia ce billet, le serra dans un mouchoir de soie, et agita le mouchoir par la fenêtre, dans la direction de Nour. Et lorsqu’elle vit qu’il l’avait vue et qu’il s’était approché, elle jeta le mouchoir par la fenêtre. Et Nour le ramassa, l’ouvrit, et y trouva le billet qu’il lut, pour le porter ensuite à ses lèvres et à son front, en signe d’acquiescement. Et il se hâta de regagner les écuries, où il attendit avec la plus vive impatience la première veille de la nuit. Il sella alors les deux nobles bêtes et se rendit hors de la ville, sans que personne l’eût inquiété en route. Et il attendit la princesse, derrière la porte Sultanié, en tenant les deux chevaux par la bride.