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histoire du jeune nour avec la franque…
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au loin en son honneur. Et, bien triste, elle songeait à son bien-aimé Nour, le vigoureux et bel adolescent d’Égypte qui avait cueilli la fleur de sa virginité. Et une grande mélancolie baignait son âme, à ce souvenir, et lui faisait monter les larmes aux yeux. Et elle se disait : « Certes ! je ne me laisserai jamais approcher par le vieux dégoûtant ! Je le tuerai plutôt et me jetterai ensuite de ma fenêtre dans la mer ! » Et, pendant qu’elle se laissait imprégner par l’amertume de ces pensées, elle entendit, sous ses fenêtres, une belle voix d’adolescent qui chantait, dans le soir, des vers arabes sur la séparation des amants. Or, c’était Nour qui, à ce moment, ayant fini de donner les derniers soins aux deux chevaux, était monté dans son appartement et s’était également accoudé à sa fenêtre pour songer à sa bien-aimée. Et il chantait ces paroles du poète :

« Ô félicité disparue ! je viens te chercher, loin de nos demeures, dans un pays cruel, ou me donner tout au moins l’illusion de te retrouver. Hélas sur moi !

Mes sens abusés aiment te reconnaître dans tout ce qui a quelque grâce ou quelque charme attrayant. Hélas sur moi !

Qu’une flûte, dans le loin, soupire ses mélodies ou que le luth lui réponde par ses accords harmonieux, des larmes me mouillent les yeux de penser à nous deux ! Hélas sur nous deux ! »

Lorsque que la princesse Mariam eut entendu ce chant où le bien-aimé de son cœur exprimait les sentiments de son fidèle amour, elle reconnut aussi-