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histoire du jeune nour avec la franque…
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Et le vizir borgne avait, lui-même, essayé de le guérir, car il était versé dans les sciences et la médecine ; mais il n’avait fait qu’aggraver le mal et augmenter l’opacité de la tache.

Lorsque Nour, conduit par le vizir, fut arrivé dans l’écurie, il remarqua la tache sur l’œil du cheval, et se mit à sourire. Et le vizir le vit qui souriait ainsi, et lui dit : « Ô musulman, pourquoi souris-tu ? » Il dit : « À cause de cette tache-là ! » Le vizir dit : « Ô musulman, je sais que les gens de ta race sont fort experts en chevaux et savent, mieux que nous, l’art de les soigner ! Serait-ce à cause de cela que tu souris ? » Et Nour, qui précisément connaissait à merveille l’art vétérinaire, répondit : « Tu l’as dit ! Il n’y a pas, dans tout le royaume des chrétiens, quelqu’un qui puisse guérir ce cheval ! Mais, moi, je le puis faire ! Que me donneras-tu donc si, demain, tu trouves ton cheval avec des yeux aussi sains que ceux de la gazelle ? » Le vizir répondit : « Je t’accorderai la vie et la liberté, et te nommerai sur le champ chef de mes écuries et vétérinaire du palais ! » Nour dit : « Dans ce cas, défais mes liens ! » Et le vizir défit les liens qui attachaient les bras de Nour ; et Nour, aussitôt, prit du suif, de la cire, de la chaux et de l’ail, les mélangea de jus concentré d’oignons, et en fit un emplâtre qu’il appliqua sur l’œil malade du cheval. Après quoi, il se coucha sur le grabat de l’écurie, et laissa à Allah le soin de la cure…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.