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histoire du jeune nour avec la franque…
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changé de teint et tomba sans connaissance sur le sol.

Lorsque, au bout d’un certain temps, il fut revenu de son évanouissement, il raconta aux assistants sa triste aventure. Mais il n’y a pas d’utilité à la répéter. Et tous se mirent à blâmer sa conduite et à lui adresser mille reproches, lui disant : « Tu n’as que ce que tu mérites ! Pourquoi l’avais-tu laissée seule ? Qu’avais-tu besoin d’aller lui acheter un voile et des babouches neuves en cuir jaune citron ? Ne pouvait-elle descendre à terre avec ses vieux effets et se couvrir le visage, en attendant, d’un morceau de toile à voile ou de toute autre étoffe ? Oui, par Allah, tu n’as que ce que tu mérites ! »

Sur ces entrefaites, survint un cheikh qui était le propriétaire du khân où avaient logé Nour et la princesse, lors de leur rencontre. Et il reconnut le pauvre Nour, et, le voyant dans un si pitoyable état, il lui en demanda la cause. Et lorsqu’il fut au courant de l’histoire, il lui dit : « Certes ! le voile était tout à fait superflu, ainsi que la robe neuve et les babouches jaunes. Mais il serait encore plus superflu d’en parler davantage. Viens avec moi, mon fils ! Tu es jeune, et tu dois, au lieu de pleurer une femme et te désespérer, profiter plutôt de ta jeunesse et de ta santé. Viens ! La race des belles adolescentes n’est point encore éteinte dans notre pays ! Et nous saurons te trouver une Égyptienne belle et experte qui, sans aucun doute, te dédommagera et te consolera de la perte de cette princesse franque…