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les mille nuits et une nuit

pour empêcher mon épouse de se porter à des excès répréhensibles ! » Et le roi des Francs, à ces paroles, éclatant de rire, se trémoussa sur son trône et dit au vieux vizir : « Ô père claudicant, je veux bien, moi, voir sur ta tête pousser deux défenses d’éléphant ! Mais je t’avise que si tu laisses échapper ma fille de ton palais ou si tu ne l’empêches pas d’ajouter une aventure de plus à des aventures si déshonorantes pour notre nom, ta tête sautera de sur tes épaules ! À cette seule condition je te donne mon consentement ! » Et le vieux vizir accepta la condition, et baisa les pieds du roi.

Aussitôt, les prêtres, les moines et les patriarches, ainsi que tous les dignitaires de la chrétienté furent informés de ce mariage. Et, à cette occasion, on donna de grandes fêtes au palais. Et, les cérémonies terminées, le vieux vizir dégoûtant pénétra dans la chambre de la princesse. Qu’Allah empêche la laideur de porter atteinte à la splendeur ! Et puisse ce puant cochon expirer son âme avant de souiller les choses pures !

Mais nous le retrouverons !

Quant à Nour, qui était descendu à terre acheter les choses nécessaires à la toilette de la princesse, lorsqu’il revint avec le voile, la robe et une paire de babouches en cuir jaune citron, il vit une grande foule qui allait et venait sur le port. Et il s’informa de la cause de cette agitation ; et on lui dit que l’équipage d’un vaisseau franc venait de s’emparer à l’improviste d’un navire amarré non loin de là et de le brûler, après avoir enlevé une jeune fille qui s’y trouvait. Et, à cette nouvelle, Nour devint bien