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les mille nuits et une nuit

MAIS LORSQUE FUT
LA SEPT CENT CINQUIÈME NUIT

Elle dit :

… Et ils se hâtèrent d’aller livrer la princesse Mariam au roi son père.

Lorsque le roi des Francs vit entrer sa fille, et que ses yeux rencontrèrent ses yeux, il ne put contenir la violence de ses sentiments et, se penchant sur son trône, le poing en avant, il lui cria : « Malheur à toi, fille maudite ! Tu as, sans doute, abjuré la croyance de tes ancêtres pour ainsi abandonner les demeures de ton père et aller retrouver les mécréants qui t’ont descellée ! Certes ! ta mort peut à peine laver l’affront fait au nom chrétien et à l’honneur de notre race ! Ah ! maudite ! apprête-toi à être pendue à la porte de l’église ! » Mais la princesse Mariam, loin de se troubler, répondit : « Tu connais ma franchise, mon père. Or, je ne suis pas la coupable que tu crois. Quel crime ai-je donc commis pour avoir voulu retourner vers une terre que le soleil réchauffe de ses rayons et dont les hommes sont des mâles solides et vertueux ? Et que serais-je restée faire ici au milieu des prêtres et des eunuques ? » À ces paroles, la colère du roi fut à ses limites extrêmes, et il cria à ses bourreaux : « Ôtez de devant ma face cette fille