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les mille nuits et une nuit

de son bien-aimé Nour, et de goûter avec lui, dans la fraîcheur marine, sous le ciel nu, toutes les voluptés de l’amour. Qu’Allah les garde et les conserve et augmente sur eux Ses faveurs !

Or, Allah leur octroya, jusqu’à la fin du voyage, une navigation sans encombre, et ils aperçurent bientôt la Colonne du Mât. Et, après que le navire fut amarré dans le port et que les hommes de l’équipage furent descendus à terre, Nour dit à la princesse Mariam : « Nous voici enfin en terre musulmane ! Attends-moi seulement ici un moment, tandis que je vais aller t’acheter tout ce qui est nécessaire pour que tu entres décemment dans la ville ; car je vois que tu n’as ni robe, ni voile, ni babouches ! » Et Mariam répondit : « Oui, va m’acheter tout cela, mais ne tarde pas trop à revenir ! » Et Nour descendit à terre pour acheter ces objets-là. Et voilà pour eux !

Mais pour ce qui est du roi des Francs de Constantinia, voici ! Le lendemain du départ nocturne de la princesse Mariam, on vint lui annoncer sa disparition, et on ne put lui donner d’autre détail sinon qu’elle était allée faire ses dévotions dans la grande église patriarcale. Mais au même instant la vieille gardienne vint lui annoncer la disparition du nouveau servant de l’église, et, immédiatement après, on lui apprit aussi le départ du navire et la mort des dix matelots dont on avait trouvé les corps décapités, sur le rivage. Et le roi des Francs, bouillonnant d’une fureur concentrée dans son ventre, réfléchit pendant une heure de temps et dit : « Si mon navire a disparu, il n’y a pas de doute qu’il ait em-