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histoire du jeune nour avec la franque…
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que celui qui l’a précédé ! Si encore je comprenais quelque chose à tout cela ! Et puis, que vais-je devenir avec cet homme féroce ? Sans doute je ne sortirai pas vivant d’entre ses mains ! » Et il continua à se laisser ainsi aller à ces désolantes pensées, pendant toute la nuit, en surveillant les voiles et les agrès.

Au matin, comme ils étaient en vue d’une ville où ils allaient atterrir pour prendre quelques nouveaux hommes d’équipage, le capitaine se leva soudain, comme en proie à une grande agitation, et commença par jeter son turban à ses pieds ! Puis, comme Nour, stupéfait, le regardait sans rien comprendre, il éclata de rire et, avec ses deux mains, il s’arracha la barbe et les moustaches, et, du coup, se transforma en une adolescente comme la lune à son lever sur la mer. Et Nour reconnut la princesse Mariam. Et, une fois son émotion calmée, il se jeta à ses pieds, à la limite de l’admiration et de la joie, et lui avoua qu’il avait eu une bien grande frayeur de ce terrible capitaine qui faisait si facilement sauter les têtes des gens de sur leurs épaules. Et la princesse Mariam rit beaucoup de sa terreur ; et, après qu’ils se furent embrassés, chacun se hâta de reprendre la manœuvre pour entrer dans le port de la ville. Et, une fois à terre, ils engagèrent plusieurs matelots, et reprirent la mer. Et la princesse Mariam, qui s’entendait à merveille à la navigation, et connaissait les routes maritimes et le jeu des vents et des courants, continua à donner les ordres nécessaires, durant le jour, tout le long du voyage. Mais, pendant la nuit, elle ne manquait pas d’aller se coucher auprès