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histoire du jeune nour avec la franque…
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vider dans sa ceinture de prêtre tout l’or et l’argent contenu dans le tronc des patriarches. Et, chargé de ces dépouilles des mécréants, il se rendit en toute hâte, par la porte qui lui avait été indiquée, sur le rivage de la mer. Et là, suivant ce que lui avait dit la princesse, il trouva le bâtiment, dont le capitaine, après lui avoir tendu la main et l’avoir appelé par son nom, le reçut en toute cordialité avec sa charge précieuse. Et aussitôt fut donné le signal du départ.

Or, les matelots, au lieu d’obéir à l’ordre de leur capitaine et de défaire les amarres qui tenaient le navire attaché aux poteaux du rivage, se mirent à murmurer, et l’un d’eux éleva la voix et dit : « Ô capitaine, tu sais bien pourtant que nous avons reçu des ordres tout différents du roi, notre maître, qui veut faire embarquer demain son vizir sur notre navire, pour aller reconnaître des pirates musulmans signalés comme ayant menacé d’enlever la princesse Mariam ! » Mais le capitaine, à la limite de la fureur devant cette résistance, s’écria : « Qui ose résister à mes ordres ? » et, brandissant son sabre, il abattit, d’un seul coup, la tête de celui qui avait parlé. Et le sabre flamba, dans la nuit, rouge de sang, comme une torche. Mais cet acte de fermeté n’empêcha pas les autres matelots, hommes endurcis, de continuer leurs murmures. Aussi ils partagèrent tous, en un clin d’œil, sous le sabre rapide comme l’éclair, le sort de leur camarade, en perdant tous les dix, l’un après l’autre, la tête de leurs épaules. Et le capitaine repoussa du pied leurs corps dans la mer…