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les mille nuits et une nuit

mes paroles et retiens-les ! Je viens, en effet, de combiner en mon esprit un projet qui nous permettra de nous échapper pour toujours de ce pays ! Pour cela, demain, à la première veille de la nuit, toi, tu n’auras qu’à ouvrir la porte de l’église qui donne du côté de la mer, et à te rendre sans retard sur le rivage. Là, tu trouveras un petit navire avec dix hommes d’équipage dont le capitaine, en te voyant arriver, se hâtera de te tendre la main. Mais attends qu’il t’appelle par ton nom ; et surtout ne précipite rien ! Quant à moi, n’aie aucune inquiétude à mon sujet : je saurai te retrouver sans encombre. Et Allah nous délivrera d’entre leurs mains ! » Puis, avant de le quitter, elle ajouta encore : « N’oublie pas non plus, ô Nour, pour jouer un tour excellent aux patriarches, de dérober au trésor de l’église tout ce que tu y trouveras de lourd quant au prix et de léger quant au poids, et de vider, avant de t’en aller, le tronc où les infidèles déposent les offrandes en or qu’ils font aux chefs de leur imposture ! » Et la princesse, après avoir fait répéter à Nour, mot par mot, les instructions qu’elle venait de lui donner, sortit de l’église et rentra, avec des yeux bien contrits, au palais où sa mère l’attendait pour lui prêcher le repentir et la continence ! Puissent les Croyants être à jamais préservés de la continence impure et n’avoir de repentir que pour le mal commis envers leur prochain ! Amin !

Donc, à la première veille de la nuit, Nour, après avoir surveillé les ronflements de la vieille ogresse de l’église, ne manqua pas de faire main basse sur toutes les choses précieuses du trésor souterrain et de