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histoire du jeune nour avec la franque…
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joie ce moment de leur réunion, d’enlever les habits de deuil que la reine, sa mère, l’avait obligée à porter pour lui rappeler sans cesse la perte de sa virginité. Et, s’étant entièrement dévêtue, elle s’assit sur les genoux de Nour qui, de son côté, avait jeté loin de lui sa robe et ses effets de prêtre chrétien. Et ils commencèrent une série de caresses extraordinaires, et telles que jamais ce lieu de perdition des âmes mécréantes n’avait vu se passer les pareilles. Et ils ne cessèrent, durant toute la nuit, de s’abandonner sans restrictions d’aucune sorte aux jouissances les plus diverses de la volupté, en se donnant mutuellement les marques les plus péremptoires du violent amour. Et Nour, en ce moment-là, se sentait revivre avec une telle intensité, qu’il aurait pu égorger, sans arrêt, l’un après l’autre, mille prêtres avec leurs patriarches ! Qu’Allah extermine les impies et donne la force et le courage à Ses vrais Croyants !

Lorsque, vers l’aube, les cloches de l’église sonnèrent le premier appel des mécréants, la princesse Mariam se hâta, mais avec quelles larmes de regret ! de se vêtir de ses habits de deuil ; et Nour également s’habilla des vêtements de l’impiété (qu’Allah, qui voit le fond des consciences, l’excuse dans cette nécessité cruelle !) Mais, avant de se retirer et après l’avoir embrassé une dernière fois, la princesse dit à Nour : « Tu dois maintenant, ô Nour, depuis déjà sept jours que tu te trouves dans cette ville, connaître bien à fond les lieux et les environs de cette église ? » Et Nour répondit : « Oui, ô ma maîtresse ! » Elle dit : « Eh bien, alors, écoute bien