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histoire du jeune nour avec la franque…
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— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA SEPT CENT DEUXIÈME NUIT

Elle dit :

« … Nulle femme ne vieillira vierge dans l’Islam ! »

Lorsque la reine, — qui n’avait fait publiquement cette question à sa fille que pour répandre, dès son arrivée, la nouvelle que sa virginité était restée intacte et que leur honneur était sauf, — eut entendu ces paroles si imprévues, et cela devant toute la cour, elle devint bien jaune de teint et tomba évanouie dans les bras de ses suivantes émues d’un si énorme scandale. Et le roi, également, bien furieux de cette aventure-là et surtout de la franchise avec laquelle sa fille convenait de ce qui lui était arrivé, sentit sa poche à fiel lui éclater au milieu du foie, et, indigné à la limite de l’indignation, il emmena la princesse et rentra en toute hâte au palais, au milieu de la consternation générale, des nez allongés des dignitaires, et des mines revêches des vieilles matrones suffoquées. Et là il convoqua d’urgence son conseil d’état, et demanda leur avis aux vizirs et aux patriarches. Et les vizirs et les patriarches consultés, répondirent : « Nous sommes d’avis que, pour purifier la princesse de la souillure des musulmans, il n’y a qu’un seul moyen, et c’est de la laver dans