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les mille nuits et une nuit

retrouveras l’objet de tes désirs ! » Et Nour, les larmes aux yeux, baisa la main du capitaine marin et se hâta de s’embarquer avec lui sur le navire qui s’envola toutes voiles dehors, sur la mer.

Or, Allah leur écrivit la sécurité, et au bout d’une navigation de cinquante et un jours, ils arrivèrent en vue de Constantinia où ils ne tardèrent pas à atterrir. Mais aussitôt ils furent tous appréhendés par les soldats francs qui gardaient le rivage, et dépouilles et jetés en prison, suivant les ordres du roi, qui voulait ainsi se venger sur tous les marchands étrangers de l’affront fait à sa fille dans les pays musulmans.

En effet, la princesse Mariam était arrivée à Constantinia la veille même de ce jour. Et aussitôt que la nouvelle de son retour eut été répandue dans la ville, on avait décoré toutes les rues en son honneur, et toute la population était allée à sa rencontre. Et le roi et la reine montèrent à cheval avec tous les grands et dignitaires du palais, et vinrent la recevoir à son débarquement. Et la reine, après avoir tendrement embrassé sa fille, lui demanda anxieusement, avant toute chose, si elle était encore vierge ou si, pour son malheur et l’opprobre de son nom, elle avait perdu le sceau inestimable. Mais la princesse, éclatant de rire devant toute l’assistance, répondit : « Que me demandes-tu là, ô ma mère ? Crois-tu donc qu’on peut rester vierge dans le pays des musulmans ? Et ne sais-tu que dans les livres des musulmans, il est dit : « Nulle femme ne vieillira vierge dans l’Islam…