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histoire du jeune nour avec la franque…
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gré, et lui dit : « Avec ta permission, ô ma maîtresse ! » Et il fit signe de se saisir d’elle à ses esclaves, qui, aussitôt, l’entourèrent, la bâillonnèrent et, malgré qu’elle se défendît et les égratignât cruellement, la chargèrent sur leur dos et la transportèrent, à la tombée de la nuit, à bord d’un navire qui faisait voile pour Constantinia. Et voilà pour le vizir borgne et boiteux et pour la princesse Mariam !

Quant au jeune Nour, qui ne voyait point revenir au khân la princesse Mariam, il ne sut à quoi attribuer ce retard. Et, comme la nuit s’avançait et que son inquiétude augmentait, il sortit du khân et se mit à errer à travers les rues désertes, dans l’espoir de la retrouver, et finit par arriver au port. Là, quelques bateliers lui apprirent qu’un navire venait de partir et qu’ils avaient conduit à son bord une adolescente dont le signalement répondait exactement à celui qu’il leur donnait.

En apprenant ce départ de sa bien-aimée, Nour se mit à se lamenter et à pleurer, n’interrompant ses sanglots que par les cris de « Mariam ! Mariam ! » Alors un vieillard, qui le voyait se plaindre de la sorte, touché par sa beauté et son désespoir, s’approcha de lui et l’interrogea avec bonté sur la cause de ses larmes. Et Nour lui raconta le malheur qui venait de lui arriver. Alors le vieillard lui dit : « Ne pleure plus, mon enfant, et ne te désespère pas ! Le navire qui vient de partir a fait voile pour Constantinia, et précisément, moi aussi, qui suis capitaine marin, je vais faire voile pour cette ville-là, cette nuit, avec les cent musulmans que j’ai à mon bord. Tu n’as donc qu’à t’embarquer avec moi, et tu