Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 11, trad Mardrus, 1902.djvu/63

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du jeune nour avec la franque…
51

briser, les fils embrouillés d’une toile d’araignée, d’arracher les dents d’un dormeur sans le réveiller, de subtiliser les bouchées d’entre les lèvres d’un Bédouin affamé, et d’enculer un nègre trois fois de suite sans que ce nègre pût même se retourner. Et il lui donna l’ordre de parcourir tous les pays musulmans et de ne revenir auprès de lui qu’après avoir ramené la princesse. Et il lui promit toutes sortes d’honneurs et de prérogatives pour son retour, mais en lui faisant entrevoir, en cas d’insuccès, le pal. Et le vizir borgne et boiteux se hâta de partir. Et il se mit à voyager, sous un déguisement, à travers les pays amis et ennemis, sans trouver aucune piste, jusqu’à ce qu’il fût arrivé à El-Iskandaria.

Et précisément, ce jour-là, il alla, avec les esclaves qui l’avaient accompagné, faire une partie de plaisir à la Colonne du Mât. Et le destin voulut ainsi qu’il rencontrât la princesse Mariam qui respirait l’air de ce côté-là. Aussi, dès qu’il l’eut reconnue, il se trémoussa de joie, et se précipita à sa rencontre. Et, arrivé devant elle, il mit un genou en terre et voulut lui baiser les mains. Mais la princesse, qui avait acquis toutes les vertus musulmanes et la décence vis-à-vis des hommes, appliqua un vigoureux soufflet au vizir franc, si laid, et lui cria : « Chien maudit ! que viens-tu faire en terre musulmane ? Et penses-tu me faire tomber en ta puissance…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.