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histoire du jeune nour avec la franque…
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t’en parler la première ! » Et elle s’arrêta un moment, et dit :

« Sache, ô Nour, que je m’appelle Mariam, et que je suis la fille unique du puissant roi des Francs qui règne dans la ville de Constantinia. Aussi ne sois point étonné de savoir que j’ai reçu, dans mon enfance, la plus belle éducation et que j’ai eu des maîtres dans tous les genres. On m’apprit également à manier l’aiguille et le fuseau, à faire des foulards et des broderies, à tisser des tapis et des ceintures, et à travailler les étoffes soit en or sur un fond d’argent, soit en argent sur un fond d’or. Et j’appris également tout ce qui pouvait orner l’esprit et ajouter à la beauté. Et je grandis de la sorte, au milieu du palais de mon père, loin de tous les regards. Et les femmes du palais disaient, en me regardant avec des yeux tendres, que j’étais la merveille du temps. Aussi, un grand nombre de princes et de rois, qui régnaient sur les terres et les îles, ne manquèrent pas de venir me demander en mariage ; mais le roi mon père rejeta toutes leurs propositions, ne voulant pas se séparer de sa fille unique, celle qu’il chérissait plus que sa vie et plus que les nombreux enfants mâles, mes frères !

« Sur ces entrefaites, étant tombée malade, je fis vœu, si je recouvrais la santé, d’aller en pèlerinage à un monastère très vénéré parmi les Francs. Et lorsque je fus guérie, je voulus accomplir mon vœu, et je m’embarquai avec une de mes dames d’honneur, fille d’un grand d’entre les grands de la cour du roi mon père. Mais, dès que nous eûmes perdu la terre de vue, notre navire fut attaqué et pris par des