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les mille nuits et une nuit

hanches onduleuses, se dirigea vers le grand khân de la ville, et se hâta d’y louer une chambre où loger. Et il s’excusa auprès de l’adolescente de ne pouvoir lui offrir mieux, disant : « Par Allah, ô ma maîtresse, si j’étais au Caire, ma ville, je te logerais dans un palais digne de toi ! Mais, je te le répète, ici je ne suis qu’un étranger ! Et je n’ai plus sur moi, pour subvenir à nos besoins, que juste de quoi payer ce logement ! » Elle répondit, en souriant : « Sois sans inquiétude à ce sujet ! » Et elle tira de son doigt une bague où était enchâssé un rubis d’une grande valeur, et lui dit : « Prends ceci, et va le vendre au souk. Et achète-nous tout ce qu’il faut pour un festin à deux ; et dépense largement et achète ce qu’il y a de mieux en fait de vivres et de boissons, sans oublier les fleurs, les fruits et les parfums ! » Et Nour se hâta d’aller exécuter l’ordre, et ne tarda pas à revenir chargé de provisions de toute nature. Et il releva ses manches et sa robe, et tendit la nappe, et apprêta avec beaucoup de soin le festin. Puis il s’assit à côté de l’adolescente, qui le voyait faire en souriant ; et ils se mirent, pour commencer, par bien manger et bien boire. Et lorsqu’ils se furent rassasiés et que la boisson eut commencé son effet, le jeune Nour, qui était un peu intimidé par les yeux brillants de son esclave, ne voulut point se laisser aller aux désirs tumultueux qui l’agitaient, avant de s’être informé du pays et de l’origine de l’adolescente. Et il lui prit la main et la baisa et lui dit : « Par Allah sur toi, ô ma maîtresse, ne pourrais-tu pas maintenant me dire ton nom et ton pays ? » Elle répondit : « Justement, ô Nour, j’allais moi-même