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histoire du jeune nour avec la franque…
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droit, et si violemment qu’il le renversa par terre. Et le vieillard Couronne, à la limite de l’indignation, fit serment, par le divorce à la troisième puissance, de chasser dès le lendemain son fils Nour après lui avoir coupé la main droite. Puis il quitta la chambre.

Lorsque la mère de Nour eut entendu ce serment redoutable, contre lequel il n’y avait pas de recours ou de remède possible, elle déchira ses habits, de désespoir, et passa toute la nuit à se lamenter et à pleurer au pied du lit de son fils plongé dans l’ivresse. Mais, comme la chose était pressante, elle réussit, en le faisant transpirer et pisser beaucoup, à dissiper les fumées du vin. Et, comme il ne se rappelait rien de tout ce qui s’était passé, elle lui apprit l’action qu’il avait commise et le terrible serment de son père Couronne. Puis elle lui dit : « Hélas sur nous ! les regrets maintenant sont inutiles ! Et le seul parti qui te reste à prendre, en attendant que la destinée ait changé la face des choses, c’est de t’éloigner au plus vite, ô Nour, de la maison de ton père ! Pars, mon fils, pour la ville d’Al-Iskandaria, et voici une bourse de mille dinars d’or et cent dinars ! Lorsque tu seras au bout de cet argent, tu m’en feras demander d’autre, en ayant soin de me donner de tes nouvelles. » Et elle se mit à pleurer, en l’embrassant.

Alors Nour, après avoir de son côté versé beaucoup de larmes de repentir, attacha la bourse à sa ceinture, prit congé de sa mère, et sortit en secret de la maison pour aussitôt gagner le port de Boulak et, de là, descendre le Nil, sur un navire, jusqu’à Al-Iskandaria, où il débarqua en bonne santé.