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les mille nuits et une nuit

que le moment était venu de laisser la belle Égyptienne l’initier aux joies de l’amour. Et il fit signe aux adolescents, qui se levèrent l’un après l’autre et se retirèrent de la salle du festin, laissant Nour en tête à tête avec la belle Égyptienne.

Aussitôt que la jouvencelle se vit seule avec le beau Nour, elle se leva toute droite et se dépouilla de ses ornements et de ses habits pour se mettre entièrement nue, avec, pour tout voile, sa seule chevelure. Et elle vint s’asseoir sur les genoux de Nour, et le baisa entre les yeux et lui dit : « Sache, ô mon œil, que le cadeau est toujours proportionné à la générosité du donateur. Or, moi, pour ta beauté, et parce que tu me plais, je te fais don de tout ce que je possède ! Prends mes lèvres, prends ma langue, prends mes seins, prends mon ventre et tout le reste ! » Et Nour accepta le merveilleux cadeau, et lui fit don, en retour, d’un autre plus merveilleux encore. Et la jouvencelle, charmée à la fois et surprise de sa générosité et de son savoir, lui demanda, quand ils eurent fini : « Et pourtant, ô Nour, tes compagnons disaient que tu étais vierge ! » Il dit : « C’est vrai ! » Elle dit : « Que c’est étonnant ! Et comme tu as été expert dans ton premier essai ! » Il dit, en riant : « Quand on frotte le silex, le feu jaillit toujours ! »

Et c’est ainsi qu’au milieu des roses, de la gaieté et des ébats multipliés, le jeune Nour connut l’amour dans les bras d’une Égyptienne belle et saine comme l’œil du coq, et blanche comme l’amande décortiquée…