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histoire du jeune nour avec la franque…
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« Par la beauté de ton visage, par tes joues, parterre de roses, par le vin précieux de ta salive,

Je jure que tu es l’esprit de mon esprit, la lumière de mes yeux, le baume de mes paupières, et que je n’aime que toi seul, ô vie des âmes ! »

En entendant cette brûlante déclaration, Nour, transporté d’amour, improvisa ceci à son tour :

« Ô toi dont le port est superbe comme celui d’un vaisseau de pirate sur la mer, belle au regard de faucon,

Ô jeune fille ceinte de grâce, à la bouche ornée de deux rangs de perles, aux joues épanouies de roses dans un parterre dont la clôture est difficile à franchir,

Ô propriétaire d’une chevelure de splendeur qui se déroule dans toute sa longueur, à droite et à gauche, noire comme un jeune nègre au milieu d’une vente à l’encan,

Tu es devenue la tyrannique pensée de mon âme ! À la vue de tes charmes, l’amour est entré tout droit dans mon cœur et l’a teint de la couleur foncée de la cochenille, de la teinte la plus indélébile ! Et son feu a consumé mon foie jusqu’à la folie.

Si bien que je veux te donner mes biens et toute mon âme. Et si tu me demandes : « Sacrifierais-tu pour moi ton sommeil ? » je répondrai : « Oui, certes ! et même mes yeux, ô magicienne ! »

Lorsque le jeune homme, maître du jardin, vit l’état dans lequel se trouvait son ami Nour, il jugea