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les mille nuits et une nuit

« La nuit est claire et transparente, et le rossignol, dans le fourré du voisinage, soupire ses transports comme amant passionné.

Ah ! réveille-toi ! la nudité du ciel et sa fraîcheur invitent notre âme au plaisir, et la lune, ce soir, est pleine de sortilèges ! Viens !

Ne craignons point les jaloux, et profitons du sommeil de nos censeurs pour nous plonger sans contrainte au sein des voluptés. Les nuits ne sont pas toujours pleines d’étoiles et embaumées ! Viens !

N’as-tu point, pour goûter le plaisir tranquille, des myrtes, des roses, des fleurs d’or et des parfums ? Et ne possèdes-tu pas les quatre choses nécessaires à la jouissance idéale : un ami, une amante, une bourse pleine et du vin ?

Que faut-il de plus pour le bonheur ? Hâte-toi d’en profiter ! demain tout s’évanouira ! La coupe du plaisir, la voici ! »

En entendant ces vers, le jeune Nour, enivré de vin et d’amour, lança des regards enflammés sur la belle esclave, qui lui répondit par un sourire engageant. Alors, il se pencha sur elle, emporté par le désir ; et elle, aussitôt, poussa tout contre lui la pointe de ses seins, le baisa entre les yeux, et se livra toute entre ses mains. Et Nour, cédant au trouble de ses sens et à l’ardeur qui l’embrasait, colla ses lèvres sur la bouche de l’adolescente et la respira comme une rose. Mais elle, rappelée par les regards des autres adolescents, se dégagea de cette première étreinte du jouvenceau, pour reprendre le luth et chanter :