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histoire du jeune nour avec la franque…
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lante dans sa robe sombre qu’on l’eût prise pour la lune d’été au milieu d’une nuit d’hiver. Avec cela comment n’aurait-elle pas eu des seins d’ivoire blanc, un ventre harmonieux, des cuisses de gloire et des fesses farcies comme des coussins, avec, au dessous d’elles, lisse, rose et embaumé, quelque chose de semblable à un petit sachet plié dans un gros paquet ? Et n’est-ce point précisément de cette Égyptienne-là que le poète a dit :

Comme la biche, elle s’avance traînant derrière elle les lions vaincus par les œillades acérées de l’arc de ses sourcils.

La belle nuit de sa chevelure étend sur elle, pour la protéger, une tente sans colonnes, une tente miraculeuse.

Elle cache les roses rougissantes de ses joues avec la manche de sa robe ; mais peut-elle empêcher les cœurs de s’enivrer de l’ambre de sa peau embaumée ?

Et si elle vient à soulever le voile qui cache son visage, alors, honte sur toi, bel azur des cieux ! Et toi, cristal de roche, humilie-toi devant ses yeux de pierrerie !

Et le jeune maître du jardin dit à l’adolescente : « Ô belle souveraine des astres, sache que nous ne t’avons fait venir dans notre jardin que pour plaire à notre hôte et ami Nour, que voici, et qui nous honore aujourd’hui, pour la première fois, de sa visite ! »

Alors, la jeune Égyptienne vint s’asseoir à côté de