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les mille nuits et une nuit

MAIS LORSQUE FUT
LA SIX CENT SOIXANTE-QUATORZIÈME NUIT

Elle dit :

« … Cela est bien, ô généreux ami ! mais notre plaisir saurait-il être complet sans le chant et sans la musique de lèvres féminines ? Et ne connais-tu les paroles du poète :

« Allons ! qu’on offre du vin à la ronde dans la petite coupe et dans la grande !

Et toi, mon ami, prends la liqueur des mains d’une beauté semblable à la lune.

Mais, pour vider ton verre, attends la musique : j’ai toujours vu le cheval boire avec plaisir, quand on siffle à ses côtés. »

Lorsque le jeune homme, maître du jardin, eut entendu ces vers, il répondit par un sourire, puis se leva aussitôt et sortit de la salle de réunion pour, au bout d’un moment, revenir en tenant par la main une jouvencelle entièrement vêtue de soie bleue. Or, c’était une svelte Égyptienne admirablement taillée, droite comme la lettre aleph, aux yeux babyloniens, aux cheveux noirs comme les ténèbres, et blanche comme l’argent dans la mine ou comme une amande décortiquée. Et elle était si belle et si bril-