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histoire du jeune nour avec la franque…
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Aussi, voyant qu’il tenait la coupe et hésitait comme devant une chose défendue, les adolescents se mirent à faire de grands éclats de rire, si bien que Nour, piqué et tant soit peu mortifié, finit par porter résolument la coupe à ses lèvres et la vida d’un trait jusqu’à la dernière goutte. Et les adolescents, à cette vue, poussèrent un cri de triomphe ; et le maître du jardin s’approcha de Nour, avec la coupe remplie à nouveau, et lui dit : « Que tu as raison, ô Nour, de ne point te priver plus longtemps de cette liqueur précieuse de l’ivresse ! Elle est la mère des vertus, le spécifique contre tous les chagrins, la panacée pour les maux du corps et de l’âme ! Aux pauvres elle donne la richesse, aux lâches le courage, aux faibles la force et la puissance ! Ô Nour, mon charmant ami, je suis, et nous tous ici nous sommes tes serviteurs et tes esclaves ! Mais prends cette coupe, de grâce, et bois ce vin qui est moins enivrant que tes yeux ! » Et Nour ne put refuser, et, d’un trait, vida la coupe que lui tendait son hôte.

Alors, le ferment de l’ivresse commença à circuler dans sa raison ; et l’un des jeunes gens s’écria, en s’adressant à l’hôte : « Cela est bien, ô généreux ami ! mais notre plaisir saurait-il être complet sans le chant et sans la musique de lèvres féminines…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.