Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 11, trad Mardrus, 1902.djvu/35

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du jeune nour avec la franque…
23

savon mêlé de musc, et s’essuyèrent avec des serviettes de soie brodées d’or.

Alors, le gardien entra avec un magnifique bouquet de roses, et dit : « Il convient, ô mes amis, qu’avant de toucher aux boissons vous disposiez votre âme au plaisir par les couleurs et le parfum des roses. » Et ils s’écrièrent : « Tu dis vrai, ô gardien ! » Il dit : « Oui. Mais je ne veux vous donner ces roses qu’en échange d’un beau poème sur cette fleur admirable ! »

Alors, l’adolescent auquel appartenait le jardin prit la corbeille de roses des mains du gardien, y plongea la tête, la respira longuement, puis fit de la main un signe pour demander le silence, et improvisa :

« Vierge odorante, mais si timide dans ta jeunesse quand tu cachais la rougeur de ton beau visage dans la soie verte de tes manches,

Ô rose souveraine ! tu es, entre toutes les fleurs, la sultane au milieu de ses esclaves, et le bel émir dans le cercle de ses guerriers.

Tu renfermes dans ta corolle pleine de baume la quintessence de tous les flacons.

Ô rose amoureuse, tes pétales entrouverts sous le souffle du zéphyr sont les lèvres d’une jeune beauté qui s’apprête à donner un baiser à son ami !

Tu es plus douce, ô rose, dans ta fraîcheur, que la joue duvetée du jeune garçon, et plus désirable que la bouche vive d’une intacte jouvencelle !

Le sang délicat qui colore ta chair heureuse te rend comparable à l’aurore veinée d’or, à la coupe remplie