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histoire du jeune nour avec la franque…
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ne fit point trop de difficultés et, accordant à Nour l’autorisation, il lui donna, en outre, une bourse pleine d’or pour qu’il ne fût pas à la charge de ses camarades.

Alors, Nour et les adolescents montèrent sur des mules et des ânes et arrivèrent à un jardin qui renfermait tout ce qui peut flatter les yeux et dulcifier la bouche. Et ils y entrèrent par une porte voûtée, belle comme la porte du Paradis, formée de rangs alternés de marbres de couleur, et ombragée de vignes grimpantes lourdes de raisins rouges et noirs, blancs et dorés, comme a dit le poète :

Ô grappes de raisins gonflés de vins, délicieux comme des sorbets et vêtus de noir comme des corbeaux,

Votre éclat, à travers les sombres feuilles, vous montre semblables à de jeunes doigts féminins fraîchement teints de henné ;

Et de toutes façons vous nous grisez : Que vous pendiez avec grâce sur les ceps, et notre âme est ravie par votre beauté ; que vous reposiez au fond du pressoir, et vous voilà transformées en un miel enivrant.

Et, comme ils entraient, ils virent, au haut de cette porte voûtée, ces vers gravés en beaux caractères d’azur :

Viens, ami ! si tu veux jouir de la beauté d’un jardin, viens me regarder.

Ton cœur oubliera ses peines au frais contact de la