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aladdin et la lampe magique
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tu viens de me révéler, d’une manière si inattendue, la mort de mon pauvre frère, ton défunt père ? Ô fils de mon frère, sache, en effet, que j’arrive dans ce pays, après avoir quitté ma patrie et affronté les dangers d’un long voyage, uniquement dans l’espoir joyeux de revoir ton père et d’éprouver avec lui le bonheur du retour et de la réunion ! Et voici, hélas ! que tu m’apprends sa mort ! » Et il s’arrêta un instant, comme suffoqué d’émotion ; puis il ajouta : « D’ailleurs je dois te dire, ô fils de mon frère, que, sitôt que je t’ai aperçu, mon sang s’est de suite porté vers ton sang et m’a fait vite te reconnaître, sans hésitation, au milieu de tous tes camarades ! Et, bien qu’au moment où je quittai ton père, tu ne fusses pas encore né, vu qu’il n’était pas marié, je n’ai pas tardé à reconnaître en toi ses traits et sa ressemblance ! Et c’est cela précisément qui me console un peu de sa perte ! Ah ! calamité sur ma tête ! Où es-tu maintenant, mon frère, toi que j’espérais embrasser au moins une fois, après une si longue absence et avant que la mort vînt nous séparer à jamais ? Hélas ! qui peut se flatter d’empêcher d’être ce qui est ? Et qui peut fuir sa destinée ou éviter ce qui a été prescrit par Allah Très-Haut ? » Puis après un moment de silence, il reprit Aladdin dans ses bras, le serra contre sa poitrine, et lui dit : « Pourtant, ô mon fils, glorifié soit Allah qui me fait te rencontrer ! Tu vas désormais être ma consolation et tu remplaceras ton père dans mon affection puisque tu es son sang et sa descendance ; car le proverbe dit : Celui qui a laissé une postérité, n’est pas mort ! »