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les séances… (le tombeau des amants)
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Alors moi, je retournai à Médine, avec mon ami Otbah, et nous pûmes réussir, non sans bien des recherches et des peines, à rassembler toutes les choses demandées. Et moi je dépensai de mon argent, sans discontinuer, avec plus de plaisir que si j’eusse fait pour moi-même tous ces achats. Et nous revînmes aux tentes des Bani-Soulaim, avec tous nos achats, et nous nous hâtâmes de les livrer au cheikh Al-Ghitrif. Et le cheikh, ne pouvant plus de la sorte revenir sur sa parole, fut obligé de recevoir tous les Ansarites, ses hôtes, qui se réunirent pour lui faire leurs compliments sur le mariage de sa fille. Et les fêtes commencèrent et durèrent quarante jours. Et l’on égorgea nombre de chameaux et de moutons, et l’on fit cuire des chaudrons de mets de toutes sortes, où chaque membre de la tribu pouvait manger à sa faim.

Or, au bout de ce temps, nous préparâmes un palanquin somptueux, sur le dos de deux chameaux à la file, et nous y plaçâmes la nouvelle mariée. Et nous partîmes tous, à la limite de la joie, suivis d’une caravane entière de chameaux chargés de présents. Et mon ami Otbah exultait dans l’attente du jour de l’arrivée, où il allait enfin se trouver seul à seul avec sa bien-aimée. Et durant le voyage, il ne la quittait pas un instant, et lui tenait compagnie, dans son palanquin, d’où il ne descendait que pour venir me favoriser d’une causerie, en toute amitié, confiance et gratitude…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.