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les mille nuits et une nuit

du roi des Francs. Qu’ils soient maudits en cette vie et dans l’autre, pour leur mécréantise et leur félonie !

Or, le roi des Francs de Constantinia, qui avait l’âme aussi basse que celle de ses patriarches, ne manqua pas de suivre ce conseil plein de perfidie. Mais il ignorait que la perfidie tourne tôt ou tard contre ses auteurs, et que l’œil d’Allah veille toujours sur Ses Croyants et les défend contre les embûches de leurs puants ennemis !

Il prit donc un papier et un calam et écrivit, en caractères grecs, une lettre au khalifat Haroun Al-Rachid, où, après les formules les plus respectueuses et les plus remplies d’admiration et d’amitié, il lui disait :

« Ô puissant émir des musulmans nos frères, j’ai une fille dénaturée appelée Mariam, qui s’est laissé séduire par un jeune Égyptien du Caire, qui me l’a enlevée, et l’a conduite dans les pays qui sont sous ta dépendance et ta domination. Je te supplie, en conséquence, ô puissant émir des musulmans, de vouloir bien faire faire les recherches nécessaires pour la retrouver, et me la renvoyer au plus tôt sous une sûre escorte.

« Et moi, en retour, je comblerai d’honneurs et d’égards cette escorte que tu m’auras envoyée avec ma fille, et je ferai tout ce qui pourra t’être agréable ! Ainsi, pour te montrer ma reconnaissance et faire preuve de mes sentiments d’amitié, je te promets, entre autres choses, de faire bâtir une mosquée dans ma capitale, par des architec-