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les mille nuits et une nuit

ses pas, et alla retrouver son bien-aimé Nour qui commençait à être bien inquiet à son sujet, et se reposa cette nuit-là dans ses bras, en oubliant, dans les caresses partagées et les voluptés de l’amour, les fatigues et les dangers qu’elle venait d’affronter pour le sauver et se délivrer à tout jamais de ses persécuteurs chrétiens. Et le lendemain, après avoir longtemps discuté ensemble sur l’endroit qui serait le plus agréable à habiter désormais, ils décidèrent d’aller essayer du climat de Damas. Et ils se mirent en route pour cette ville délicieuse-là. Et voilà pour eux !

Quant au roi des Francs ! Lorsque, le nez bien allongé et le sac de son estomac fort retourné à cause de la mort de ses trois patrices Barbout, Bartous et Fassiân, et à cause aussi de la défaite de son armée, il fut de retour dans son palais, à Constantinia, il convoqua son conseil d’état, et, après avoir exposé sa disgrâce dans les moindres détails, il demanda quel parti il devait prendre. Et il ajouta : « Je ne sais pas maintenant où elle a pu aller, cette fille des mille cornards de l’impudeur ! Mais je penche à croire qu’elle a dû aller en pays musulman, là où elle dit que les hommes sont des mâles vigoureux et inlassables ! Car cette fille de putain est un tison enflammé originaire de l’enfer ! Et elle ne trouvait pas les chrétiens assez membrus pour calmer ses désirs incessants ! Je vous demande donc de me dire, ô patriarches, ce qu’il faut que je fasse dans cette fâcheuse situation ! » Et les patriarches et les moines et les grands du royaume réfléchirent durant une heure de temps, puis répondirent :