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histoire du jeune nour avec la franque…
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une telle violence, qu’elle le désarçonna. Et, accompagnant ce mouvement d’un cri terrible, elle se précipita sur lui, tandis qu’il gisait renversé sur le dos, et, d’un seul coup, lui planta sa lance dans la bouche, et lui cloua la tête au sol, en fixant la pointe profondément à travers.

À cette vue, tous les guerriers restèrent d’abord muets de stupéfaction. Puis soudain ils sentirent passer sur leurs têtes le frisson de la panique ; car ils ne savaient plus si l’héroïne qui venait d’accomplir de tels exploits était une créature humaine ou un démon. Et, tournant le dos, ils cherchèrent leur salut dans la fuite, en livrant leurs jambes au vent. Mais Sett Mariam vola derrière eux, anéantissant sous ses pas la distance. Et elle les atteignait par groupes ou séparément, les frappait de son sabre tournoyant, et leur faisait boire la mort d’une gorgée, en les plongeant dans l’océan des destins. Et son cœur était si joyeux que le monde lui semblait ne pouvoir le contenir ! Et elle tua ceux qu’elle tua, et blessa ceux qu’elle blessa, et joncha la terre de morts, en large et en long. Et le roi des Francs, les bras levés au ciel de désespoir, s’enfuyait avec ses guerriers, courant au centre de ses troupes débandées, de ses patriarches et de ses prêtres, comme un berger court, poursuivi par l’orage, au milieu d’un troupeau de moutons. Et la princesse ne cessa de les poursuivre de la sorte et d’en faire un grand carnage, jusqu’au moment où le soleil se couvrit entièrement du manteau de la pâleur.

Alors seulement la princesse Mariam songea à arrêter sa course victorieuse. Elle revint donc sur