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les mille nuits et une nuit

teux ? Que le plus vaillant de vous paraisse, s’il a du courage ! Honte sur vous tous, ô chrétiens, qui tremblez devant le bras d’une femme ! »

En entendant et voyant tout cela le roi des Francs, extrêmement mortifié, et bien désespéré de la perte de ses deux patrices, fit venir le troisième, qui s’appelait Fassiân, c’est-à-dire le Péteur, vu qu’il était fameux pour ses vesses et ses pets, et qu’il était un pédéraste illustre, et lui dit : « Ô Fassiân, toi dont la pédérastie est la principale vertu, c’est à toi maintenant de combattre cette débauchée, et de venger par sa mort celle de tes compagnons ! » Et le patrice Fassiân, ayant répondu par l’ouïe et l’obéissance, lança son cheval au galop en lâchant derrière lui un tonnerre de pets retentissants, capables de faire blanchir de terreur les cheveux d’un enfant au berceau, et de faire se gonfler les voiles d’un navire.

Mais déjà, de son côté, Sett Mariam avait pris du champ, et avait lancé Lahik en un galop plus rapide que l’éclair qui brille, que la grêle qui tombe. Et tous deux bondirent l’un sur l’autre comme deux béliers, et se heurtèrent avec une telle violence qu’on eût dit le choc de deux montagnes. Et le patrice, se précipitant sur la princesse, poussa un grand cri et lui porta un coup furieux. Mais elle l’évita avec prestesse, frappa adroitement la lance de son ennemi et la brisa en deux. Puis, au moment où le patrice Fassiân, emporté dans son élan, passait à côté d’elle, elle se retourna soudain, en faisant une rapide volte-face, et, du talon de sa propre lance elle frappa son adversaire entre les deux épaules avec