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les mille nuits et une nuit

singuliers. Et il lui dit : « Ô patrice Bartous, à toi de venger la mort de Barbout, ton frère d’armes ! » Et le patrice Bartous répondit, en s’inclinant : « J’écoute et j’obéis ! » Et, lançant son cheval dans l’arène, il courut sus à la princesse.

Mais l’héroïne, toujours dans la même attitude, ne bougea pas ; et son coursier resta ferme et arc-bouté sur ses jambes comme un pont. Et voici qu’arriva sur elle le galop furieux du patrice, qui avait lâché les rênes à son cheval, et accourait en pointant sa lance dont le fer ressemblait à l’aiguillon du scorpion. Et le double choc se fit tumultueusement.

Alors, tous les guerriers eurent un pas en avant pour mieux voir les terribles merveilles de ce combat, dont jamais leurs yeux n’avaient contemplé le pareil. Et un frémissement d’admiration courait dans tous les rangs.

Mais déjà les adversaires, ensevelis sous une poussière épaisse, se heurtaient sauvagement et se distribuaient des coups dont gémissait l’air. Et ils combattirent ainsi, longtemps, la rage dans l’âme, et se lançant des injures effroyables. Et le patrice ne tarda pas à reconnaître la supériorité de son antagoniste, et se dit : « Par le Messie ! c’est l’heure de manifester toute ma puissance ! » Et il saisit une pique messagère de la mort, la brandit et la lança en visant son adversaire et criant : « À toi ! »

Mais il ne savait pas que la princesse Mariam était l’héroïne incomparable de l’Orient et de l’Occident, la cavalière des terres et des déserts, et la guerrière des plaines et des montagnes !