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les mille nuits et une nuit

derrière toi, tu consentirais à faire, devant nos yeux, l’essai d’un envolement sans ailes ! » Elle dit : « Justement, ô ma maîtresse, je possède des ailes ; mais elles ne sont point sur moi ! Je puis pourtant les avoir, si telle est ta volonté ! Tu n’aurais pour cela qu’à demander à la mère de mon époux de m’apporter mon manteau de plumes ! »

Aussitôt, Sett Zobéida se tourna vers la mère de Hassân et lui dit : « Ô vénérable dame, notre mère, veux-tu aller nous chercher ce manteau de plumes, pour que j’en voie l’usage qu’en fait ta charmante fille ? » Et la pauvre femme pensa : « Nous voici tous perdus sans recours ! La vue de son manteau va lui remettre en mémoire son instinct originel, et Allah seul sait ce qui va arriver ! » Et elle répondit d’une voix tremblante : « Ô ma maîtresse, ma fille Splendeur est troublée par ta majesté, et ne sait plus ce qu’elle dit ! A-t-on jamais porté des habits de plumes, alors que cette sorte de vêtement ne convient qu’aux oiseaux ! » Mais Splendeur intervint et dit à Sett Zobéida : « Par ta vie, ô ma maîtresse, je te jure que mon manteau de plumes est enfermé dans un coffre caché dans notre maison ! » Alors Sett Zobéida enleva de son bras un bracelet précieux, qui valait tous les trésors de Khosroès et de Kaïssar, et le tendit à la mère de Hassân en lui disant : « Ô notre mère, par ma vie chez toi ! je te conjure d’aller à la maison nous chercher ce manteau de plumes, simplement pour le voir une fois ! Et tu le reprendras ensuite comme il est. » Mais la mère de Hassân jura qu’elle n’avait jamais vu ce manteau de plumes ni rien de semblable. Alors Sett Zobéida