Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/95

Cette page a été validée par deux contributeurs.
les aventures de hassân al-bassri
91

… Mais nous, ô mes auditeurs, nous disons : « Louanges à Celui qui forma le corps de la femme comme le lis de la vallée, et le donna à ses Croyants comme un signe du Paradis ! »

Lorsque Sett Zobéida fut revenue de l’éblouissement où elle se trouvait, elle se leva de son trône et s’approcha de Splendeur qu’elle entoura de ses bras et serra contre son sein en lui baisant les yeux. Puis elle la fit asseoir à ses côtés sur le large trône, et enleva, pour le lui passer au cou, un collier de dix rangs de grosses perles qu’elle portait elle-même depuis son mariage avec Al-Rachid. Puis elle lui dit : « Ô souveraine des enchantements, en vérité, elle s’est trompée, mon esclave Tohfa, qui m’a parlé de ta beauté ! Car ta beauté est au-dessus de toutes paroles ! Mais, dis-moi, ô accomplie, sais-tu le chant, la danse, ou la musique ? Car, lorsqu’on est comme toi, on excelle en toutes choses ! » Splendeur répondit : « En vérité, ô ma maîtresse, je ne sais point chanter, ni danser, ni jouer du luth et des guitares ; et je n’excelle dans aucun des arts que d’ordinaire connaissent les jeunes femmes ! Toutefois, je dois te le dire, je possède un seul talent, qui va peut-être te paraître merveilleux : c’est de voler dans les airs comme les oiseaux ! »

À ces paroles de Splendeur, toutes les femmes s’écrièrent : « Ô enchantement ! Ô prodige ! » Et Sett Zobéida dit : « Comment, bien qu’étonnée à l’extrême, ô charmante, hésiter à te croire douée d’un tel talent ? N’es-tu point déjà plus harmonieuse que le cygne et plus légère à notre vue que les oiseaux ? Mais si tu voulais entraîner notre âme