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les aventures de hassân al-bassri
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alors se mit à raconter à sa mère toute son histoire, depuis sa disparition soudaine jusqu’à son retour à Bassra, sans oublier un seul détail. Et sa mère fut émerveillée de ce qu’elle entendait, à la limite de l’émerveillement, et ne sut plus comment faire pour honorer, selon son rang, la fille du roi-des-rois du Gennistân.

Or, pour commencer, elle se hâta d’aller au souk acheter toutes sortes de provisions de première qualité ; et elle alla ensuite au souk des soieries, et acheta dix robes splendides, ce qu’il y avait de plus cher chez les grands marchands ; et elle les apporta à l’épouse de Hassân, et l’en vêtit, en les lui mettant toutes les dix à la fois, l’une au-dessus de l’autre, pour lui marquer de la sorte que rien n’était de trop pour son rang et son mérite. Et elle l’embrassa comme si c’eût été sa propre fille. Et elle se mit ensuite à lui cuisiner des mets extraordinaires et des pâtisseries à nulles autres pareilles. Et elle n’épargna rien pour la contenter, la comblant de soins et de délicates attentions. Après quoi, elle se tourna vers son fils et lui dit : « Je ne sais pas, Hassân, mais je crois bien que la ville de Bassra n’est pas digne du rang de ton épouse ; et il vaut mieux pour nous, sous tous les rapports, que nous allions vivre à Baghdad, la Cité de Paix, sous l’aile protectrice du khalifat Haroun Al-Rachid. Et puis, mon fils, nous voici devenus soudainement très riches, et je crains fort qu’en restant à Bassra, où nous sommes connus pour être pauvres, nous n’attirions l’attention d’une façon soupçonneuse, et soyons accusés, à cause de nos richesses, de pratiquer l’alchimie ! Le mieux,