Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 10, trad Mardrus, 1902.djvu/61

Cette page a été validée par deux contributeurs.
les aventures de hassân al-bassri
57

bon gré à leur jeune sœur de son attention pour leur hôte. Or, dès qu’elles furent parties, la jeune fille aida Hassân à se lever, le prit dans ses bras, et le conduisit sur la terrasse qui dominait le lac. Et, là, le prenant dans son sein, et lui faisant reposer la tête contre son épaule, elle lui dit : « Dis-moi maintenant, mon agneau, dans lequel de ces pavillons échelonnés sur le bord du lac tu as aperçu celle qui te cause tant d’alarmes. » Et Hassân répondit : « Ce n’est point dans un de ces pavillons que je l’ai vue, mais c’est d’abord dans l’eau du lac et ensuite sur le trône de cette estrade ! » À ces paroles, la jeune fille devint fort pâle de teint et s’écria : « Ô notre malheur ! Mais alors, ô Hassân, c’est la fille même du roi des genn, qui règne sur le vaste empire dont mon père n’est qu’un des lieutenants ! Et le pays où notre roi réside est à une distance infranchissable et environné d’une mer que les hommes ni les genn ne peuvent traverser. Et il a sept filles, dont celle que tu as vue est la plus jeune. Et il a une garde composée uniquement d’adolescentes guerrières d’une naissance illustre, qui commandent chacune à un corps de cinq mille amazones. Or, c’est précisément celle que tu as vue qui est la plus belle et la plus aguerrie de toutes les adolescentes royales ; et elle surpasse toutes les autres en courage et en adresse. Elle s’appelle Splendeur ! Elle vient ici se promener à chaque nouvelle lune, en compagnie des filles des chambellans de son père. Quant à leurs manteaux de plumes, qui les portent dans les airs comme des oiseaux, ils appartiennent à la garde-robe des génies ! Et c’est grâce à ces manteaux que