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les mille nuits et une nuit

Et il embrassa Bouton-de-Rose, et sentit son âme se tranquilliser et sa poitrine se dilater d’être ainsi soulagé de la grande crainte qu’il avait de voir sa sœur se fâcher contre lui à cause de la porte défendue ! Et, désormais rassuré, il respira à son aise et demanda à manger. Et Bouton-de-Rose l’embrassa encore une fois et se hâta d’aller, les larmes aux yeux, rejoindre ses sœurs auxquelles elle dit : « Hélas ! mes sœurs, mon pauvre frère Hassân est bien malade ! Depuis dix jours pas un aliment n’est descendu dans son estomac, fermé à cause de notre absence et du désespoir où il est plongé ! Nous l’avons laissé seul ici, le pauvre bien-aimé, sans personne pour lui tenir compagnie ; et alors il s’est rappelé sa mère et sa patrie, et ces souvenirs l’ont saturé d’amertume. Oh ! que son sort est pitoyable, mes sœurs ! »

À ce discours de Bouton-de-Rose, les princesses, qui étaient douées d’une âme charmante et facile à émouvoir, s’empressèrent de courir porter à manger et à boire à leur frère ; et elles s’efforcèrent de le consoler et de le ranimer par leur présence et leurs paroles ; et, pour le distraire, elles lui racontèrent toutes les fêtes et les merveilles qu’elles avaient vues au palais de leur père, dans le Gennistân. Et, pendant un mois entier, elles ne cessèrent de lui prodiguer les soins les plus attentifs et les plus tendres, sans parvenir toutefois à le guérir tout à fait.

Au bout de ce temps, les princesses, à l’exception de Bouton-de-Rose qui demanda à rester au palais pour ne point laisser Hassân seul, sortirent pour aller à la chasse, selon leur habitude ; et elles surent