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les mille nuits et une nuit

bakh ! Ô vil métal, que le soleil te pénètre de ses vertus ! Hakh ! makh ! bakh ! Ô vil métal, que la vertu de l’or chasse tes impuretés ! Hakh ! makh ! bakh ! ô cuivre, transmue-toi en or ! » Et, en prononçant ces paroles, le Persan leva la main vers son turban, et tira d’entre les plis de la mousseline un petit paquet de papier plié qu’il ouvrit ; et il y prit une pincée d’une poudre jaune comme le safran qu’il se hâta de jeter au milieu du cuivre liquide, dans le creuset ! Et, à l’instant, le liquide se solidifia et se transmua en une galette d’or, de l’or le plus pur !

À cette vue, Hassân fut stupéfait à la limite de la stupéfaction ; et, sur un signe du Persan, il prit sa lime d’essai et en frotta, sur un coin, la galette brillante ; et il constata que c’était bien de l’or de la qualité la plus fine et la plus estimée. Alors, ravi d’admiration, il voulut prendre la main du Persan et la baiser ; mais celui-ci ne voulut pas le permettre et lui dit : « Ô Hassân, va vite au souk vendre, cette galette d’or ! Et touches-en le prix, et retourne à ta maison serrer l’argent, sans dire un mot de ce que tu sais ! » Et Hassân alla au souk, et remit la galette au crieur public qui, après l’avoir contrôlée comme poids et qualité, la cria et en obtint d’abord mille dinars d’or, puis deux mille à la seconde criée. Et la galette fut adjugée à un marchand à ce prix-là, et Hassân prit les deux mille dinars et alla les porter à sa mère, en volant de joie. Et la mère de Hassân, à la vue de tout cet or, ne put d’abord prononcer une parole, tant elle était remplie d’étonnement ; puis, comme Hassân, en riant, lui racontait que cela lui venait de la science du Persan, elle leva les