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les amours de zein al-mawassif
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… et alla à la ville chercher un maréchal. Et il dit au maréchal : « Tu vas ferrer solidement les pieds de cette esclave ; après quoi tu lui ferreras les mains. Et elle me servira de monture ! » Et le maréchal, stupéfait, regarda le vieux et lui dit : « Par Allah ! c’est la première fois que je suis appelé pour ferrer des êtres humains ! Qu’a-t-elle donc fait, cette jeune esclave, pour mériter ce châtiment ? » Le vieux dit : « Par le Pentateuque ! c’est là le châtiment dont, nous autres juifs, nous punissons nos esclaves, quand nous avons à nous plaindre de leur conduite. » Mais le maréchal, ébloui par la beauté de Zein Al-Mawassif et impressionné à l’extrême par ses charmes, regarda le juif avec mépris et indignation, et lui cracha à la figure ; et, au lieu de toucher à la jouvencelle, il improvisa cette strophe :

« Puisses-tu, ô mulet, être ferré sur toute ta peau, avant que soient torturés ses pieds délicats ! Si tu étais sensé, ce serait avec des anneaux d’or que tu ornerais ses pieds charmants ! Car sois bien sûr qu’une si belle créature, en comparaissant devant le Souverain Juge, sera déclarée innocente et pure ! »

Puis le maréchal courut trouver le wali de la ville et lui raconta ce qu’il avait vu, en lui dépeignant la beauté merveilleuse de Zein Al-Mawassif et le traitement cruel que voulait lui faire éprouver le juif, son époux. Et le wali ordonna aux gardes d’aller immédiatement aux tentes et d’amener devant lui la belle esclave, le juif, et les autres femmes de la caravane. Et les gardes se hâtèrent d’exécuter