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les mille nuits et une nuit

infortunés ! Mais combien plus amers les pleurs du réveil, quand s’évanouit la douce illusion !

Elle me parle, elle me sourit, elle me fait mille tendres caresses ; je tiens toute la félicité de la terre dans mes mains et je me réveille dans les larmes. »

Ainsi se lamentait le jeune Anis. Et il continua à vivre à l’ombre de la maison abandonnée, ne s’éloignant que pour prendre quelque nourriture dans son logis. Et voilà pour lui.

Quant à la caravane, lorsqu’elle fut arrivée à un mois de distance de la ville en question, elle fit halte. Et le juif fit dresser les tentes non loin d’une ville située sur la mer. Là, il dépouilla son épouse de ses riches habits, prit une longue baguette flexible, et lui dit : « Ah ! vile débauchée, ta peau salie ne pourra être nettoyée qu’avec ceci ! Qu’il vienne maintenant te délivrer d’entre mes mains, le jeune enculé Anis ! » Et, malgré ses cris et ses protestations, il la fustigea douloureusement, à tour de bras. Puis il jeta sur elle un vieux manteau en crin piquant, et alla à la ville chercher un maréchal, et dit au maréchal…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.


MAIS LORSQUE FUT
LA SIX CENT SOIXANTE-TROISIÈME NUIT

Elle dit :