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les mille nuits et une nuit

Zein Al-Mawassif sut dissimuler parfaitement la joie que lui causait cette nouvelle, et dit : « Ô mon époux bien-aimé, tu vas donc me laisser mourir pendant ton absence ! Dis-moi au moins pendant combien de temps tu vas rester loin de moi ! » Il dit : « Pendant trois ans ou peut-être quatre ans, mais pas moins ni plus ! » Et elle s’écria : « Ah ! pauvre Zein Al-Mawassif ! quel sort est le tien de ne jamais jouir de là présence de ton époux ! Ô désespoir de mon âme ! » Mais il lui dit : « Que cela ne te désespère plus ! Car, cette fois, pour ne point te laisser seule et t’exposer à la maladie et à la tristesse, je veux que tu viennes avec moi ! Lève-toi donc et fais-toi aider par tes suivantes Houboub, Khoutoub, Soukoub et Roukoub pour faire tes paquets et tes ballots pour le départ ! »

À ces paroles, l’effondrée Zein Al-Mawassif devint bien jaune de teint, et ses yeux se mouillèrent de larmes, et elle ne put prononcer une seule parole. Et son mari, qui, en son intérieur, se dilatait de contentement, lui demanda d’un ton bien affectueux : « Qu’as-tu, Zein ? » Elle répondit : « Rien, par Allah ! Je suis seulement un peu émue de cette agréable nouvelle, en sachant que je ne vais plus être séparée de toi ! »

Puis elle se leva et se mit à faire les préparatifs du départ, aidée de ses suivantes, sous l’œil du juif, son époux. Et elle ne savait pas comment faire savoir la triste nouvelle à Anis. Enfin elle put profiter d’un moment pour tracer sur la porte d’entrée ces vers d’adieu à son ami :